mercredi 6 décembre 2006

MALADIES ET RAVAGEURS DES AGRUMES

1 MALADIES

1.1. Gommose parasitaire
(Phytophthora citrophthora & Phytophthora parasitica)

Les symptômes de cette maladie sont visibles principalement sur le tronc ou au collet chez les arbres francs. L’écorce prend une coloration foncée, se dessèche progressivement puis se détache et tombe en écaille, laissant le boit à découvert.

La gomme apparaît sur la partie atteinte. La circulation de la sève est quelquefois arrêtée, ce qui entraîne le dépérissement de l’arbre.

Exudation de gomme au niveau du tronc

Le parasite responsable de cette affection vit dans le sol. Le mycélium évolue sur la terre ou à la surface des feuilles tombées sur lesquelles il produit des conidiophores et des conidies. Celles-ci se forment principalement en milieu très humide ou même en contact de l’eau où elles libèrent des zoospores.

Lutte

Procéder au curetage des plaies jusqu’à atteindre le bois non imprégné de gomme. Ensuite, badigeonner la plaie avec un fongicide spécifique.

En lutte préventive, il est conseillé d’utiliser des porte-greffes résistants (bigaradier, poncirus) et d’irriguer en double cuvette ou en irrigation localisée. Eviter de planter des vergers d’agrumes en sol lourd, mal drainé.


1.2. Psoroses

Parmi les maladies virales qui s’attaquent aux agrumes en Algérie, les psoroses sont les plus courantes.

Les types de psoroses connues en Algérie sont la psorose écailleuse, la psorose alvéolaire et la psorose infectieuse.

Les symptômes de ces psoroses se manifestent :

- sur feuilles : par des mosaïques, des chloroses et des gaufrages
- sur tronc et branches : par des écaillements de l’écorce, écoulement de gomme et
formation de tumeurs.
- sur fruits : par leur déformation et l’apparition de nécroses annelées sur les peaux qui
deviennent grumuleuses.

Parmi les maladies à viroïdes sur agrumes, il est connu la cachéxie-xyloporose, viroïde qui cause le dépérissement du bois à la suite de nombreuses altérations telles que la décoloration, la perforation et la criblure du bois ; le noircissement, l’écaillement de l’écorce et l’écoulement de gomme.

Lutte

Ces maladies se transmettent uniquement par contact direct entre les tissus malades et tissus sains ; le greffage constitue donc le seul moyen de contamination. Par conséquent, pour lutter contre ces différentes maladies, il faut utiliser des greffons sains.

1.3. Tristeza

Le verger d’agrumes algérien est menacé par une grave virose, en l’occurrence la Tristeza, d’autant plus que le porte-greffe généralement utilisé est le bigaradier, très sensible à cette maladie. Le vecteur de cette virose sont les pucerons dont les espèces les plus efficaces sont Toxoptera citricidus et Toxoptera aurantii.

Les symptômes connus de cette virose se manifestent sur tronc par des cannelures et des striures et sur feuillage par un jaunissement et la chute des feuilles. Au stade final, l’arbre dépérit et meurt.

Lutte

Pour les nouvelles plantations, il faut planter des plants sains comportant un greffon prélevé sur arbre étalon reconnu indemne de cette virose, et greffé sur porte-greffe résistant.
En cas d’apparition de cette maladie, les mesures de quarantaine doivent s’appliquer immédiatement.

2. RAVAGEURS

2.1. Cochenilles

Ce sont des suceurs de sève redoutables pour les arbres fruitiers. Les cochenilles sont pourvues de glandes sécrétant la cire qui les protège contre les conditions climatiques défavorables et également contre les insecticides. Les sécrétions cireuses forment un bouclier protecteur chez le pou noir et la cochenille virgule. Les œufs sont pondus sous le bouclier ou sous le corps de la mère ou encore groupés dans un ovisac. Les adultes sont peu mobiles ou fixes. Les larves sont mobiles au premier stade, se fixent pour se nourrir et sécréter le bouclier pour se protéger. Le nombre de générations des cochenilles dépend des espèces. Leurs dégâts apparaissent sous forme de jaunissement des feuilles accompagné bien souvent de fumagine. La respiration et la photosynthèse de l’arbre sont fortement perturbées par les encroûtements d’individus et par la pellicule de fumagine. Les fortes attaques entraînent l’affaiblissement de l’arbre, une perte de rendement et des fruits à faible valeur commerciale.

Lutte

Les mesures prophylactiques contribuent beaucoup à la bonne santé des agrumes. Eviter l’excès d’humidité. Tailler judicieusement pour aérer la frondaison et détruire par le feu le bois de taille fortement attaqué.

La lutte chimique n’est indispensable qu’en cas de forte attaque. Il faut appliquer un traitement insecticide dès l’observation des premières larves mobiles.

2.2. Pucerons

Ils s’attaquent surtout aux jeunes pousses qui s’enroulent, se recroquevillent et ont une croissance ralentie. Quatre espèces de pucerons sont redoutées : Toxoptera aurantii, Aphis craccivora, A.gossypi et Aphis citricola.

Lutte

Intervenir au printemps dès l’apparition des premières colonies de pucerons à l’aide d’un insecticide.


2.3. Cératite
(Ceratitis capitata)

C’est la mouche méditerranéenne des fruits. Elle s’attaque aux agrumes et aux fruits de rosacées. L’adulte est une mouche colorée dont la femelle pond des œufs groupés par petits paquets, à l’intérieur des fruits, à une profondeur de 2 à 5 mm environ.
La larve est un asticot qui se développe au dépens de la pulpe des fruits. Les larves, à l’approche de la nymphose, se transforment en pupes et hivernent dans le sol à quelques centimètres de profondeur.

Le développement de la mouche dépend fortement des conditions de température. L’optimum se situe à 32°C et favorise l’achèvement d’une génération en deux semaines.
Les dégâts sont importants surtout en été et en automne. Sur le fruit attaqué, on observe une petite tâche entourant le point de piqûre qui s’agrandit par la suite. Une dépression se creuse en dessous du fait de la pourriture des tissus du fruit qui tombe prématurément.
Femelle adulte

Lutte

Utiliser des pièges (gobe-mouche) appâtés avec des attractifs alimentaires pour déterminer les périodes de vol de l’insecte et raisonner ainsi les applications insecticides.
Le traitement se fait à l’aide d’un insecticide mélangé à un attractif appliqué à raison d’un arbre sur deux ou d’une face sur deux de tous les arbres. L’application peut se faire par voie aérienne.

2.4. Autres ravageurs

D’autres insectes peuvent causer des dégâts sur agrumes. L’aleurode floconneux, l’aleurode commun ainsi que la mineuse ont causé des dégâts dans le passé. Le traitement chimique contre ces ravageurs n’est pas opérant. La lutte biologique avec les auxiliaires est la plus indiquée.

3. NEMATODES
(Tylenchulus semipenetrans)

C’est un nématode semi-endoparasite sédentaire inféodé aux citrus. Sa reproduction est sexuée ou parthénogénétique. La femelle pond une centaine d’œufs dans une masse gélatineuse. La durée du cycle est de 6 à 15 semaines.

Les arbres atteints manquent de vigueur, perdent leurs feuilles et montrent un dessèchement des extrémités des rameaux.

Sur la partie souterraine, les radicelles sont courtes, épaisses et nécrosées. Tous ces symptômes apparaissent progressivement et se traduisent par une forte perte de productivité.

Lutte

Voir nématodes des arbres fruitiers.

LE CHIENDENT ET LES METHODES DE LUTTE POUR Y FAIRE FACE



Table des matières

Introduction

Le chiendent, qui porte aussi des noms pittoresques moins connus comme herbe de charlatan, mèche de chandelle et même remords de conscience, est une mauvaise herbe très envahissante et très répandue au Canada. C'est une des mauvaises herbes les plus difficiles à maîtriser à cause des caractéristiques qui lui permettent de survivre et de se multiplier : installation rapide, formation d'un vaste réseau de rhizomes capables d'émettre de nouvelles pousses, et facilité de création de nouveaux biotypes de plantes par reproduction sexuée.
Historique

Le chiendent est originaire d'Europe et d'Asie occidentale. On croit qu'il a quitté son centre d'origine lorsqu'il est devenu une mauvaise herbe dans les cultures de céréales et qu'il a ainsi suivi l'homme dans ses pérégrinations autour du monde. A l'heure actuelle, on le considère comme l'une des trois mauvaises herbes les plus incommodantes, du fait qu'il envahit 37 cultures différentes dans 65 pays.

Les premiers écrits sur le chiendent au Canada remontent à 1861 mais la plante existe probablement au pays depuis que les Européens y ont implanté la culture des céréales. Dès 1923, le chiendent était considéré comme l'une des trois pires mauvaises herbes de l'Est canadien. Aujourd'hui, on le retrouve dans toutes les provinces y compris les Territoires du Nord-Ouest. Selon un recensement récent, il serait présent dans 17,8 millions d'hectares (44 millions d'acres) soit 66 % des terres agricoles du pays.
Habitat

Le chiendent est une graminée adaptée aux climats tempérés et frais. Au printemps et en automne, il pousse vigoureusement, ses rhizomes pouvant s'allonger de 2,5 cm par jour. Il affectionne les sols de texture fine, à pH neutre ou légèrement alcalin (6,5 B 8,0) et modérément humides, mais on le retrouve aussi dans les sols sablonneux acides. Il tolère assez bien la sécheresse et peut supporter de fortes teneurs en sel.

C'est une plante de terrain découvert, aussi ne le trouve-t-on pas dans les endroits continuellement ombragés. Le chiendent peut constituer plus de 90 % de la biomasse dans les champs abandonnés. Toutefois à mesure que les buissons et les broussailles envahissent le terrain, il perd petit à petit sa dominance et fini par être éliminé.
Description botanique

Le chiendent est une gramine pérenne de longue durée capable de se reproduire végétativement (par rhizomes) ainsi que sexuellement (par ses graines). Considéré comme autostérile, il compte essentiellement sur le vent pour assurer sa fécondation. La floraison a lieu de la fin juin à juillet, et les graines arrivent à maturité entre le début d'août et le mois de septembre. Chaque tige porte habituellement de 25 à 40 graines, groupées dans des épis verts ou bleu-vert de 5 à 30 cm de long. Les graines tombent au sol en fin d'automne et hivernent dans les débris végétaux ou à la surface du sol. Elles peuvent conserver leur viabilité d'un à six ans, même après passage dans le système digestif de la plupart des animaux de ferme, à l'exception du porc.

Les rhizomes sont des tiges souterraines élancées (1,5 à 5 mm), lisses, de couleur blanche à jaune paille (figure 1). Des noeuds d'où partent les rhizomes secondaires ou les nouvelles pousses sont présents sur toute la longueur du rhizome. Habituellement, la croissance des nouvelles pousses aériennes est stimulée par la perte du bourgeon terminal du rhizome, cette perte étant causée notamment par les instruments aratoires. Le bourgeon terminal produit diverses hormones qui empêchent les autres bourgeons de donner naissance à de nouvelles pousses, mais une fois qu'il est enlevé, de nouvelles pousses peuvent se former. Selon certaines études, un plant de chiendent pourrait produire jusqu' à 154 m de rhizomes et 206 nouvelles pousses.

Le plus souvent, les feuilles ont une pointe effilée et leur limbe fait de 9 à 10 mm de largeur et entre 6 et 20 cm de longueur. Bien plates, elles sont de couleur jaune clair à vert et portent une très fine pubescence à la face supérieure, mais le revers est absolument lisse. La gaine foliaire est arrondie et fendue, à bords chevauchants. La ligule est courte (0,5 à 1 mm), obtuse et membraneuse. Les oreillettes, projections fines formées à la jonction entre la feuille et le noeud, embrassent la tige. Le chaume, creux et de section arrondie, est élancé et compte de 3 à 5 noeuds. La longueur de la tige varie de 30 à 120 cm.
Importance économique

Grâce à son comportement des plus compétitifs, le chiendent peut abaisser le rendement des cultures de 25 à 85 % pour le maïs, de 19 à 55 % pour le soya et jusqu'à 57 % pour le blé (figure 2). Ces chutes de rendement peuvent être le résultat de l'appétit vorace du chiendent pour les éléments nutritifs nécessaires aux cultures. On estime que la mauvaise herbe peut absorber 55, 45 et 68 %, respectivement, de l'azote, du phosphore et du potassium assimilables par les plantes.

En plus des chutes de rendement, la présence de graines ou de rhizomes de chiendent peut abaisser la qualité de la récolte. Chez les multiplicateurs de semences fourragères, la contamination de la récolte par des graines de chiendent risque de réduire considérablement la valeur marchande des produits. En outre, les rhizomes sont assez souples pour passer au travers d'obstacles souterrains comme le tubercule d'une pomme de terre et peuvent donc abaisser d'autant les qualités marchandes de ces produits. Enfin, dans un champ de maïs, la présence massive de chiendent peut retarder l'apparition des soies, la sortie de la panicule et même le séchage du grain à la récolte.

Le chiendent est l'hôte de différents ennemis des cultures. Il est sensible aux attaques de plusieurs maladies des céréales telles que la rouille de la feuille, les charbons, l'ergot, le piétin-échaudage et la tache ocellée. Quelques insectes ravageurs comme la légionnaire et le criocère des céréales utilisent le chiendent comme plante-hôte intermédiaire.
Utilité

Malgré les vastes pertes de récolte qu'il occasionne, le chiendent présente tout de même quelques points positifs. On peut l'employer en pâture ou en foin. A un stade de croissance comparable, le chiendent a une teneur totale en protéine brute (calculée sur la matière sèche) égale à celle de la fléole. Son dense réseau de rhizomes et de racines aide à retenir le sol sur les rives et sur les pentes, et contribue ainsi à diminuer les pertes dues à l'érosion.
La recherche montre que le chiendent est une des plantes les plus efficaces pour récupérer les éléments nutritifs, comme l'azote, depuis les effluents d'eau d'égout épandus par pulvérisation sur la végétation.

Certaines substances chimiques naturelles extraites du chiendent ont révélé des propriétés insecticides contre les larves de moustiques et les mollusques, en particulier les limaces. Ajoutons à cela que les rhizomes séchés et moulus peuvent servir à la préparation d'infusions ou être utilisés en farine.

Lutte

Pour combattre le chiendent, il faut d'abord bien connaître la biologie de la plante et la facilité des rhizomes à se régénérer. L'aptitude des rhizomes à produire des nouvelles pousses augmente avec les réserves en glucides et en azote de la plante. Ces réserves sont généralement à leur plus fort en automne et à leur plus bas à l'époque de la floraison. Les fluctuations affectant ces réserves tout au long de la saison de végétation auront une influence sur la réussite de la lutte menée contre le chiendent. L'activité des bourgeons des rhizomes diminue généralement de la mi-avril au mois de juin. Les bourgeons demeurent à l'état dormant jusqu'au début de juillet et ensuite la croissance recommence. Cette période de repos coïncide en outre avec le stade de production abondante de pousses vertes et de rhizomes.

Un travail d'automne à la charrue à socs ou au chisel est plus efficace pour réduire le nombre total de rhizomes dans le sol qu'un travail de printemps. Les façons culturales influent aussi sur la répartition de rhizomes dans la masse de sol. En régime de semis direct (culture sans labours), les rhizomes sont concentrés près de la surface du sol, alors qu'avec un labour à la charrue ils sont répartis plus également dans la couche de labour. Plus creux les rhizomes sont enfouis dans le sol, moins égale sera la levée des nouvelles pousses, ce qui influera sur le degré de maîtrise obtenu avec les herbicides sélectifs.




D’après M.E. Reidy - l'université de Guelph; C.J. Swanton

Les acides dans les bouillies herbicides

Avez vous déjà entendu dire que l’addition d’acides dans la bouillie améliore la performance des herbicides ? Dans la région de Saint-Hyacinthe,de nombreux producteurs utilisent régulièrement cette pratique avec un ou plusieurs herbicides pour réduire ses doses. Au Québec, il n'y a pas de tests scientifiques permettant de valider ces pratiques mais certaines informations méritent d’être connues.

Deux bonnes raisons pour acidifier

La chimie c’est bien compliqué ! Les herbicides appartiennent à différentes familles de produits chimiques et ne réagissent pas tous de la même façon. Certains herbicides sont plus sensibles à la qualité de l’eau*4*6. Votre eau peut être plus ou moins compatible avec certains herbicides*5*7. Les fabricants, de leur côté, nous disent que leur formulation permet à leur produit d'être performant peu importe la qualité de l'eau utiilisée.
1 ère bonne raison : votre eau est alcaline (pH > 7) *5

Certains herbicides se dégradent rapidement dans une eau alcaline. L’atrazine, par exemple, s’hydrolyse à 50% en une heure seulement à pH = 9 et en 10 heure à pH = 5.Ce produit se conserve donc mieux en milieu acide*5. Ceci n’est pas vrai pour tous les herbicides. Il est difficile de savoir à quel pH se conserve le mieux chaque herbicide car les étiquettes sont habituellement muettes à ce sujet. Les mauvaises herbes à feuilles larges ont des propriétés alcalines. La surface des feuilles de l’abutilon a un pH = 9,7. Il est possible que ce phénomène influence la performance de certains herbicides.

pH recommandé pour quelques herbicides:

Herbicide pH
Atrazine 7
Banvel 5 à 6
Basagran 5
Buctril 5
Fusilade 7
RoundUp 5,5

L’eau de l’aqueduc de Saint-Hyacinthe, par exemple, a un pH 7,3 et une dureté de 96 ppm. Pour l’acidifier jusqu’à pH = 5 il faut ajouter 0,022 litre d’acide citrique liquide à 50% par 100 litres d’eau. Ceci représente un coût de 0,08 $ par 100 litres ou par hectare (si vous traitez à 100 l/ha). Pour un réservoir de 400 gallons US, il faudra les 2/3 d’un litre de ce même acide et il en coûtera 2,33 $. Attention, si votre eau a, elle aussi, un pH de 7,3, vous ne pouvez pas vous fier aux calculs faits pour l’eau de Saint-Hyacinthe car la dureté de votre eau n’est peut-être pas la même.

Si vous désirez abaisser un pH, en ajoutant un acide, utilisez un pH-mètre (environ 70 $). La quantité d’acide calculée au début de la saison devrait être valable pour toute la saison dans le cas d’une eau d’aqueduc. Au contraire, l’eau provenant d’un puits peut varier beaucoup au cours de la saison et le pH-mètre doit être utilisé à chaque fois. Ajustez le pH avant d’ajouter l’herbicide.

2ème bonne raison : votre eau est saline dure ou ferreuse

D’autres herbicides sont partiellement neutralisés par les minéraux contenus dans l’eau de pulvérisation. Les principaux minéraux en cause sont le fer, le calcium, le zinc, le magnésium, le sodium et le potassium.

Idéalement, si vous arrosiez avec de l’eau distillée ou de l’eau de pluie*7, vous n’auriez pas à tenir compte de ce phénomène. Des scientifiques ont calculé que 90 litres d’eau d’une dureté de 100 ppm de CaCO3, contiennent suffisamment de minéraux pour neutraliser l’effet de ¾ de litres de RoundUp *2.

L’eau de l’aqueduc de Saint-Hyacinthe est relativement douce (96 ppm CaCO3). Pour neutraliser tous les minéraux dans 100 litres de cette eau, il faudrait ajouter 0,031 litres d’acide citrique liquide à 50% au coût de 0,11 $.
Les herbicides rapportés comme étant susceptibles aux minéraux sont le RoundUp, le Gramoxone le Poast, le Banvel, le 2,4-D amine et le MCPA amine*7. L’acide ne changera probablement pas l’effet d’un traitement en prélevée des mauvaises herbes car le sol est bourré de minéraux qui neutraliseront les acides.
Faites analyser votre eau pour connaître son contenu en minéraux. Neutralisez ces minéraux selon l’analyse avec un acide ou un autre adjuvant En laboratoire, une titration à l'acide citrique serait un bon moyen de prévoir la quantité d'acide nécessaire.

Quatre bonnes raisons d’être prudent

1ère bonne raison : phytotoxicité possible

L’acide aide certains herbicides à traverser la " cire " qui protège la feuille. Cela est vrai pour les feuilles des mauvaises herbes mais aussi pour celles de la culture. Des car de phytotoxicité sur des céréales ont été rapportés suite à des traitements acidifiés à pleine dose.
2ème bonne raison : acidité excessive
L’acidification excessive pourrait dénaturer certains herbicides. C’est le cas de plusieurs fongicides qui sont alcalins.
3ème bonne raison : la loi c’est la loi
Toute utilisation d’un herbicide non prévue sur l’étiquette est illégale au Canada. Vous n’avez aucun recours en cas d’inefficacité ou de phytotoxicité.
4ème bonne raison: la garantie
Toute garantie devient nulle lorsque le produit n'est pas utilisé tel que précisé sur l'étiquette.
Quel acide choisir ?
Il existe plusieurs acides sur le marché. Chacun a ses avantages et ses inconvénients. Des recherches intéressantes*2 ont été faites sur l’influence de différents acides sur l’efficacité du glyphosate (RoundUp) en présence de minéraux en solution.
Acides peu efficaces
L’acide chlorhydrique et acide nitrique ne sont pas recommandés avec le RoundUp. Ils nuisent à son action. L’acide lactique et l’acide acétique (vinaigre) ne sont pas efficaces, ils n’ont pas réussi à améliorer la performance du RoundUp.

Acides efficaces

L’acide citrique, l’acide sulfurique et l’acide phosphorique ont montré une efficacité qui varie selon les minéraux contenus dans l’eau. L’acide citrique vient à bout du sodium du calcium et du fer. L’acide sulfurique, dit " acide à batterie ", neutralise bien le sodium et le calcium mais pas le fer. Le sulfate d’ammoniaque dans l’eau forme de l’acide sulfurique et se comporte comme lui. L’acide phosphorique réussi bien avec le sodium. Le mélange " nitrate d’ammoniaque et urée " une solution azotée à 28% forme de l’acide nitrique en solution et ne neutralise pas le calcium et le fer. Le glyphosate en présence de minéraux en solution a donné les meilleurs résultats avec l’acide citrique et l’acide sulfurique.
Efficacité contre les minéraux (acides ou précurseurs d’acides*3)

sodium
calcium
fer
acide citrique
acide sulfurique
sulfate d’ammoniaque
acide phosphorique
nitrate d’ammoniaque et urée

Risque de colmatage

Les acides sulfuriques et phosphoriques forment avec le calcium des cristaux insolubles qui sont généralement assez fins pour passer dans les filtres des buses. Occasionnellement, ces cristaux peuvent s’agglomérer et encrasser les filtres des buses. Il est donc recommandable d’inspecter les filtres régulièrement. Au contact du calcium, l’acide citrique forme un chélat qui neutralise le calcium tout en le gardant soluble. Il n’y a donc pas de risque de colmater les filtres avec l’acide citrique.
Risque de colmatage des buses
acide citrique

nitrate d’ammoniaque et urée
acide phosphorique
acide sulfurique
sulfate d’ammoniaque
Sécurité pour l’utilisateur

L’acide citrique, le sulfate d’ammoniaque et la solution de nitrate d’ammoniaque et urée sont sécuritaires. On peut s’en verser sur les mains sans danger. Ce n’est pas le cas des acides sulfuriques et phosphoriques !
Sécurité
acide citrique
sulfate d’ammoniaque
nitrate d’ammoniaque et urée
acide sulfurique
acide phosphorique


1er choix : l’acide citrique

Pour toutes les raisons mentionnées, l’acide citrique nous semble le meilleur choix. La formule liquide (Acide + de la compagnie NPK) coûte environ 66$ par 20 litres d’acide (0,5 kg d’acide par litre). La formule solide est pure à 95% et coûte environ 3,50$ par kilogramme. Même avec les eaux les plus dures, salines ou ferreuses le coût ne devrait pas dépasser 0,40 $ par hectare.
Acidification du sol ?

Comme il s’agit de quelques grammes d’acide à l’hectare, il suffirait aussi de quelques grammes de chaux à l’hectare pour neutraliser l’effet de l’acidification apportée au sol. De plus cet acide a été utilisé pour neutraliser les minéraux de l’eau, il a donc été lui-même neutralisé.
Autres possibilités

Outre l’utilisation d’acides, on peut réduire le volume d’eau de pulvérisation pour diminuer l’impact des minéraux. En passant de 100 l/ha à 50 l/ha, on diminue de moitié les minéraux interférant avec le RoundUp par exemple. La condition, c’est d’être capable d’appliquer un aussi bas volume uniformément.

Autres adjuvants

Il existe plusieurs adjuvants homologués sur le marché, comme le BB5 et le Li700, par exemple. Ils ont des modes d’action qui conviennent avec les herbicides mentionnés sur l’étiquette du produit et contiennent des agents acidifiants.

Vous désirez faire vos propres essais ?
Si c’est le cas, prévoyez un champ divisé en deux pour comparer votre traitement habituel à votre traitement à l’acide.

Discutez-en avec votre conseiller local du MAPAQ. Nos pouvons vous aider à faire la comparaison en mesurant les populations de mauvaises herbes, les rendements et d’autres paramètres si nécessaire.

Assurez-vous d’une calibration parfaite de votre pulvérisateur. Lorsqu’on travaille avec des doses réduites à la limite, il faut que chaque buse donne le bon débit !


D’après l’agronome Pierre Lachance,